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Mais ne nous délivrez pas des Idiots

La semaine est terminée



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La cible humaine (The Gunfighter)
de Henry King (1950)
Western à la croisée des chemins, à l’instar de son héros, fondé sur l’attente du héros dans un espace clos (Gregory Peck), anti-thèse de la découverte des grands espaces, c’est l’histoire du vagabond fatigué qui veut se poser – se reposer –, mais qui sera rattrapé par son propre mythe. Lui, "The Gunfighter" qui tire plus vite que son ombre (la question), ne peut, par définition, se permettre de s’arrêter, et encore moins d’attendre. Il s’arrêtera – retour aux sources dans le village d’antan –, et il attendra, une femme et un enfant. Il y a alors cette interminable attente dans ce bar (l’indice 2), et l’impossibilité de repartir : repartir où ? pourquoi ? On y retrouve certains thèmes chers au genre, l’ambivalence nomade-sédentaire, mais il y a aussi ce retour en enfance (l’indice 1), qui prend corps à travers une très belle scène entre le père et son fils qu’il n’a jamais vu. Passages de témoins, du père au fils, de la cible au tueur.
Ce film est à ranger à côté de "3 heures 10 pour Yuma" et du plus connu "Le train sifflera 3 fois". Cette question était aussi l’occasion de mettre sur le devant de la scène frcdienne, Henry King, père nourricier de nombreux imaginaires d’enfants …
Scalpaf


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Jade Goddess of Mercy (Yu guanyin)
de Ann Hui (2003)
Liaisons dangereuses dans le Yunnan, ou la super-flic casse-bonbons. Film de Ann Hui, réalisatrice de "Song of the Exile" joue en session 24 par les Maurice. La très photogénique Vicky Zhao (Indice 2) est une super flic dans une unité d'élite dans le Yunnan, au sud de la Chine, à la frontière vietnamienne et latte du trafiquant de drogue (en Question, une plaque d'immatriculation du Yunnan, avec un mystère dans le coffre !). Elle est mariée à un brave journaliste, mais va le tromper avec un trafiquant (elle ne sait pas qu'il est du métier) qui est trop cool et trop beau (casting discutable de Nicholas Tse, l'idole des jeunes hongkongaises, indice 1) et lui fait un gosse (aussi en indice 1 dans une scène de kidnapping, car il ne sait pas qu'il est de lui, délire !!). Tout le monde s'entretue. Entre temps un brave pékinois tombe amoureux gaga de Vicky, mais elle est emportée par un destin beaucoup plus puissant et dramatique que ces petits toutous qui ont la faiblesse de l'aimer. Ca pète dans tous les sens, il y a de l'émotion, et Vicky est jolie a regarder. Ce n'est pas un grand film, mais certainement une belle pièce exotique, qui énerve parfois mais vaut le détour.
Mister Ke


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J'ai engagé un tueur (I Hired a Contract Killer)
de Aki Kaurismäki (1990)
Je ne pouvais laisser passer cette session sans y mettre mon petit grain de Jean-Pierre Léaud. Un hommage lui a déjà été rendu par moi-même en personne dans le désormais mythique "Cabinet de modernités"
Et voici que je viens vous faire souper de mon discours de fan absolue dans le Grand Jeu.
Pour ce faire, il n'était pas de film plus approprié que celui de Kaurismäki, film hommage par excellence. Tout repose dans ce film sur cet immense acteur. Le scénario taillé sur mesure est véritablement signé par un admirateur inconditionnel qui offre à sa star LE rôle, celui qui fait ressortir avec une lumière éclatante les talents et les mystères de cette icône.
Quand je parle de mystères, c'est le mystère de ce regard d'enfant dans ce corps d'homme et de ce regard d'adulte dans ce corps d'enfant.
"J'ai engagé un tueur" offre tout ça et plus encore, et la simplicité de JPL survole le tout.
Il reste aussi, peut être plus encore que dans d'autres de ses films, un film à la Kaurismäki. Humour noir, déjanté, absurde, pince sans rire : un français en Finlande travaille dans une administration Kafkaïenne, mais se fait licencier. Seul, désespéré, il veut se donner la mort (Question) avant de renoncer à le faire par lui-même et d'engager un tueur à gages pour s'auto-supprimer. Mais l'amour pointe le bout de son nez, le goût de vivre prend un gout de reviens-y et voilà le frenchy qui cavale pour échapper à son propre contrat, à ses propres employés. Quiproquos et dramatisations garantis.
La signature est là, la fusion entre l'acteur et le réalisateur est là, dans une harmonie géniale.
Baby Jane


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* format d'origine : 2.35:1 - désolé pour le logo de la chaine de TV
Le masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death)
de Roger Corman (1964)
Soyons clairs : Le masque de la mort rouge de Roger Corman n'est pas un chef d'oeuvre du cinéma (comme l'ensemble de la filmo de Corman, d'ailleurs). Il n'empêche, c'est une des plus belles réussites esthétiques de sa série d'adaptations d'Edgar Allan Poe. L'histoire est un peu lourdingue, donnant un nouveau rôle d'aristocrate cruel (mais combien en a-t-il joués ?!!) au formidable Vincent Price (indice 2).
Il y interprète Prospero, un châtelain qui organise des jeux pervers et tente de pervertir une jeune et innocente paysanne (question). Le film vaut surtout pour l'élégance visuelle des décors et de leurs couleurs, et notamment la succession de pièces monochromes (indice 1). Si vous aimez La chute de la maison Usher et La chambre des tortures, vous ne devriez pas être déçus par la beauté de ce Corman.
Mrs Muir


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L'Armée des morts (Dawn of the Dead)
de Zack Snyder (2004)
Accueilli tièdement au moment de sa sortie, "Dawn of the Dead" mérite d'être (re)découvert. En effet, ce remake du film de Romero s'avère réussi aux trois quarts — en dépit d'une fin décevante — et, selon moi, beaucoup mieux que le molasson "Land of the Dead" tourné l'année suivante. Les raisons de cette heureuse surprise ? Elles sont simples : malgré les moyens dont il disposait — largement supérieurs à ceux de l'original —, Zack Snyder (réalisateur du douteux "300") ne s'est pas seulement occupé du gore et des effets spéciaux, mais a pensé aussi à raconter une histoire. DOTD fonctionne d'abord grâce à sa galerie de personnages — campés par d'excellents acteurs, du massif Ving Rhames à la frêle Sarah Polley — ainsi qu'à son habile montée en tension. Les premières scènes du film laissent affleurer une menace sourde derrière la tranquillité d'une banlieue pavillonnaire (image de référence) et la violence ne tarde pas à se déchaîner. Un groupe de survivants se réfugie dans un centre commercial, le transforme en forteresse et — tout en gérant les antagonismes —, s'efforce d'alerter d'hypothétiques secours (indice n°1). Sans trop dévoiler les rebondissements du film, rassurons quand même les afficionados du genre : les zombies sont plus rapides, plus nombreux, plus méchants et le quota de tripes à l'air est largement respecté. Enfin, le scénario fait montre d'une inventivité assez réjouissante dans le domaine du macabre (indice n°2, avec l'apparition remarquée d'un de nos joueurs (private joke)) et témoigne d'un pessimisme encore plus radical que celui de son modèle.
Prince Mishkin


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Demonlover
de Olivier Assayas (2002)
Presque unanimement honni par critique et public, Demonlover est un film passionnant sur le devenir-image et la perte de chair dans un monde de plus en plus virtuel à l'image de l'ultra-libéralisme forcément meurtrier qui fonde la toile de fond du film. Film glacé et déplaisant, ce deuxième meilleur film d'Assayas (après Irma Vep) est interprété par d'excellents acteurs - Connie Nielsen en Alice sado-maso, Berling en gros blaireau et Chloé Sévigné en peste ambivalente (aparté : certains tanches du bulbe la trouve plus convaincante dans le navet adolescent de Gallo, se sont-ils déjà fait sucer par un fantôme ?). On reprochera malgré tout une seconde partie un peu trop Mulholland Drive avec sa redistribution chaotique et inversée des rôles et son flou scénaristique plus que brumeux. Si le moralisme collet-monté de la toute dernière séquence rappelle les mauvais moments du cinéma d'Haneke, l'ensemble reste pertinent, par endroits fascinant, et totalement conseillable.

PS : en indice 1, les fans de trash-TV auront-ils reconnu l'inoubliable Diana de l'Ile de la Tentation 1, qui se trouve être la cousine de Clark Clownil et son premier amour ? (pourquoi je révèle ça, moi ?)
Xtof


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Bienvenue à Collinwood (Welcome to Collinwood)
de Anthony Russo et Joe Russo (2002)
Pour cette dernière semaine, j’ai choisi le thème de la comédie. Comment ça, c’est le cas d’à peu près tous les films que j’ai proposés ?
Avec Bienvenue à Collinwood, on retrouve encore une recette parfaite pour une comédie inratable : Une bande de bras cassés, une folle envie de sortir de la misère des petits coups foireux, le cambriolage du siècle (le Bellini de Cosimo) au premier abord simplissime (I1) et forcément des complications inattendues, des situations gaguesques (Q1) !
Mais ce film ne serait rien, sans ses acteurs grandioses : Luis Guzman, Michael Jeter, Sam Rockwell, Isaiah Washington, le grand William H. Macy et l’incomparable George Clooney (I2) qui en plus de produire le film avec son copain Soderbergh, s’est prêté au jeu de cette comédie charmante et imprévisible !
Dans un esprit très proche des frères Coen, la tendresse et l’humour que font naître chez le spectateur ces personnages attachants de maladresse donnent à ce film toute sa saveur.
Zézette


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El Aura
de Fabián Bielinsky (2005)
Cette dernière semaine est l'occasion de rendre hommage au regretté Fabian Bielinsky, talentueux cinéaste argentin disparu l'an passé, juste après avoir tourné son deuxième long-métrage. Bielinsky s'était fait connaître il y a cinq ans avec "Les Neuf Reines" — film d'arnaque très proche de ceux réalisés par David Mamet ("The Spanish Prisoner" ; "House of Games") — qui, de façon transparente racontait le marasme économique de son pays et assimilait le capitalisme à une fabulation permanente. Pour sa deuxième oeuvre, le réalisateur aurait pu jouer sur les attentes du public et reproduire la recette sans prendre de risque (ce qu'Alfred Hitchcock appelait le "run for cover"). La grande surprise que réserve "El Aura" — déception pour certains — tient au brusque changement de registre. Si l'on enlève la présence de l'excellent Ricardo Darin (indice n° 2), les deux films n'ont quasiment rien en commun. A la brillante manipulation des "Neuf Reines" succède une histoire étrange de passage à l'acte et de rédemption, dont le rythme se calque sur l'état du héros épileptique : l'ordre apparent du récit est traversé à plusieurs reprises de perturbations violentes et inattendues. "El Aura" narre l'aventure d'Esteban, un taxidermiste (question), dont le passe-temps favori consiste à organiser le plan théorique du parfait hold-up. Parti pour un week-end de chasse en Patagonie, Esteban va plus ou moins volontairement réaliser son rêve : participer au braquage d'un fourgon blindé... et semer les cadavres autour de lui. Au-delà de l'histoire policière, on peut penser que Bielinsky — scénariste de formation — a voulu souligner les difficultés et imprévus rencontrés par quiconque passe de la théorie (scénario) à la pratique (réalisation). Comme l'apprendra l'anti-héros Esteban à ses dépens, on peut avoir préparé un plan sans faille sur le papier (indice n° 1) et ne rien maîtriser de ce plan au moment de son exécution. Fable étrange sur le vivant et son caractère imprévisible, "El Aura" est un film que nous recommandons à tous ceux qui ne l'auraient pas vu.
Prince Mishkin et Baby Jane


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Dikkenek
de Olivier Van Hoofstadt (2006)
Sponsorisé par la boîte à Besson, Dikkenek est (comme son nom l'indique) un film belge.
Imaginez La vie sexuelle des belges (ac)couplé à C'est arrivé près de chez vous (les meurtres crades en moins) et vous serez encore très loin de la réalité !!!!
D'une vulgarité naïve décomplexée (donc forcément fraîche et drôle), trash, outrageux, sans tabou et parfois bien dégueu, Dikkenek c'est la quintessence de l'humour con à la Grolandsat'.
Il est à l'humour ce que Braindead est au gore = ULTIME !
Il faut le voir pour le croire.
Le casting mémorable est tellement décalé que même Dominique - j'ai la gueule de l'emploi - Pinon semble s'être trompé de film... c'est dire !
Jérémie Rénier est enfin bon (il suffisait juste qu'il quitte la pose "films d'auteur" et qu'il retire le balais qui va avec), Florence Foresti est parfaite, mais ce sont surtout Jean Luc Couchard (déjà vu dans le grand Calvaire) et François Damiens (celui d'OSS 117) qui retiennent l'attention. Ils sont "tout à fait fous" !
D'ailleurs, système-Besson oblige, on les retrouve, paraît-il, dans Taxi 4 pour, ce qu'on imagine être, la meilleure scène du film... je prend les paris... qui vérifie ?
Les répliques fusent façon mitraillette à bons mots : de la recette de la fricadelle aux techniques peu orthodoxes d'un photographe de "charme animalier" !!! Que du bonheur !
[NDZ : T’as oublié de parler de Marion Cotillard (I2) en institutrice dépressive et cinglée ! Un vrai régal, moi qui n’était pas très fan de la jeune demoiselle jusque là, ce petit film sympathique m’a réconcilié avec elle.]
Dikkenek pue du culte.
D'autant plus qu'il est sorti en pleine fête du cinéma, au milieu de comédies bien pensantes et propres sur elles, à vomir (La rupture, Argh ! La maison du bonheur, Re-AAAArgh !). [NDZ : Alors là je te trouve un peu dur quand même, c’était pas si pire quand même ! Toujours tendance à l’exagération le Torrentééé ! Mais bon c’est vrai qu’il y a quand même carrément mieux, comme Dikkenek par exemple !!!]

Mais l'humour n'est pas sans risque ! Avec Dikkenek c'est quitte ou double ! Vous voilà prévenus !

Le DVD sorti cette année propose une version longue (pas encore vue) pour prolonger le plaisir ou les souffrances (c'est selon)!
Je vais de ce pas le "dvd-jacker" à mon revendeur de DVD même si c'est "extrêmement vexant" !
Zézette et Torrente


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Last Life in the Universe (Ruang rak noi nid mahasan)
de Pen-Ek Ratanaruang (2003)
Fume, c'est du Thaï ! Film Thaï/japonais au scénario plutôt obscur, avec Tadanobu Asano (indice 2, célèbre entre autres grâce à "Ichi the Killer") et la bombastiquissime Sinitta Boonyasak (indice 1). Tout se passe à Bangkok et ses environs. Histoire de yakuzas en toile de fond, amour platonique entre le mystérieusement timide Asano et la goooorgeous Boonyasak, dont la soeur, hôtesse déguisée en schoolgirl dans un bar pour japonais, succombe à un accident de voiture. Il n'y a pas vraiment d'histoire et les dialogues sont minimaux, mais la photographie est signée Brian Doyle, le géant acolyte de Wong Kar Wai. Le résultat est top.
Mister Ke


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* format inconnu, donc incertain
Femme ou démon (Through the Looking Glass)
de Jonas Middleton (1976)
Vu récemment à la Cinémathèque française, Through the looking glass (Femme ou démon) est une belle découverte.
Réalisé en 1976 par un illustre inconnu, Jonas Middleton, Through the looking glass est l'histoire d'une jolie femme bourgeoise qui, insatisfaite par son mari, s'ennuie.
Pour mettre fin à sa torpeur, elle ne va pas coucher avec le jardinier mais se donner elle-même du plaisir face à un gigantesque miroir. Tout va alors basculer et, telle Alice au pays des merveilles, elle se retrouve dans un monde féerique peuplé d'êtres étranges aux mœurs inattendus (indice 1). Par ailleurs, un curieux démon vient aussi tourmenter et donner de la satisfaction à notre héroïne.
Ce scénario assez cocasse n'est pas un prétexte à faire défiler des scènes chaudes (qui ne sont pas si nombreuses que ça); mais tout cela cache un terrible secret (que je ne vais pas révéler, j'espère que beaucoup auront la curiosité de regarder ce film).
Malgré une partition musicale emphatique et un doublage français calamiteux, Through the looking glass est un film original et surprenant de bout en bout que je vous invite à découvrir. Un grand merci au cinéaste Jean-Pierre Bouyxou qui a programmé le film de Middleton dans sa carte blanche. Le texte de l'indice 2 est l'œuvre de Jean-Pierre Bouyxou et il apparaît dans le programme de la Cinémathèque.
Clark


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* Format original 1.33:1
La Passion de Jeanne d'Arc
de Carl Theodor Dreyer (1928)
Grand oublié d'Frcd, (il en reste encore heureusement)
La passion de Jeanne d'Arc est un film quasi expérimental... dans son expressionnisme (au sens pictural plus que cinématographique), possédant une science du gros plan qui n'a peut-être encore jamais été égalée. Ce film est un grand grand chef d'oeuvre.
Ca l'est techniquement et ça l'est aussi et surtout par la prestation de Falconetti, énorme! la foi, la violence... son visage dit tout... pas besoin de paroles, pas besoin de commentaires non plus tant cela est limpide.
Dreyer réalise peut-être avec "la Passion de Jeanne d'Arc" son meilleur film et assurément la meilleure adaptation cinématographique de la pucelle.

Faisons une rapide étude comparative avec quelques autres... (il y en a pléthore)
- Le Victor Fleming : Jeanne d'Arc est Ingrid Bergman. Que dire sinon que nous voilà dans le cinéma classique dans toute son horreur... Tout sonne faux...
- Le Bresson : long, plat, téléfilmesque au possible... il est pourtant hautement considéré. Dans le ton, on aurait préféré une émotion à la "Thérèse" de Cavalier... tellement plus fort et plus juste.
- Le Besson : un Jeanne d'Arc survitaminée, tendance Braveheart. On a beau le critiquer, il me semble assez réussi dans son genre... Ridley Scott ou Peter Jackson aurait pu faire le même film et on aurait pas crié au scandale. (n.b : Je déteste Gladiator et le seigneur des anneaux :) )
Le vrai problème est le psychologisme anachronique des personnages mais on peut pas trop en demander au gros Besson.
Il y a aussi celui de Rivette qui ne m'a pas laissé grands souvenirs...
Bref, soyons francs, La passion de Jeanne d'Arc de Dreyer est inégalé et inégalable tout simplement.
Nasr Eddin


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Alice ou la dernière fugue
de Claude Chabrol (1977)
Dernier Chabrol de la session, peut-être pas le meilleur au sens canonique du terme, mais peut-être l'un des plus intrigants dans la graaande filmo du réalisateur.
Le "Alice" de Lewis Carroll revisité par Chabrol donne une chose surprenante, histoire quelque peu "polarisée" par celui que certains appellent le Hitchcock français. La blonde et naïve Alice devient pour le coup l'Emmanuelle Sylvia Krystel. Autre pays des merveilles aussi.
A l'instar du Alice de Jan Svankmajer, cette nouvelle version du conte prend sa force dans ce que cet autre "pays", celui des merveilles, peut avoir d'angoissant et de castrateur.
Alice glisse sur ce film comme dans un rêve, séquestrée perdue, désorientée... Sa stoïcité et son self-control donnent à ce film une teinte étrange qui a capté tout mon intérêt. Objet filmé non identifié donc, entre la franchouillardise et l'auteurisme, la série B mal réalisée et le surréalisme dérangeant.
Baby Jane


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La ville abandonnée (Yellow Sky)
de William A. Wellman (1948)
Un Wellman, quand même !
Pas revu pour le jeu, la Ville Abandonnée m'a laissé une impression d'invention visuelle quasi-permanente (cf la tarantinesque question) et une mise à plat du genre assez étonnante. Greogry Peck, acteur affreusement limité, y était bon - ce qui est rare (il l'est d'ailleurs également dans la Cible Humaine joué par Scalpaf). Une déception affreuse : je viens de voir du même Wellman le sublime Convoi de Femmes, l'un des plus beaux westerns au monde que j'aurais proposé avec un plaisir immense - en question : le visage de la sensuelle Denise Darcel, strip-teaseuse française échouée à Hollywood qui ne tourna que dans quelques films ; son visage, donc, les cheveux au vent quand elle vampe Robert Taylor, une splendeur que vous rêverez avec moi !
Xtof


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Vacances romaines (Roman Holiday)
de William Wyler (1953)
Dur dur d'être une princesse ! Un monument oublié de FRCD. Voila qui est réparé.
Mister Ke


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Superstar: The Karen Carpenter Story
de Todd Haynes (1987)
Premier moyen métrage de Todd Haynes, brillant réalisateur de Velvet Goldmine, Safe et Loin du Paradis, Superstar est un objet cinématographique non identifié, sur le fond et sur la forme. Le sujet : la triste vie de la chanteuse des Carpenters, rongée par l'anorexie et la boulimie, l'addiction aux laxatifs (question), alors qu'elle mène avec son frère une carrière qui leur apportera un succès fulgurant. Sa maladie l'emportera à 32 ans, victime d'une crise cardiaque. Autant dire que le rôle de sa famille, plus concernée par le succès que par son terible mal-être, y est dépeint sans concession. La forme est suprenante puisque les personnages y sont joués par des poupées barbie (questions), sur fond musical des succès des Carpenters.
Le film, dérangeant, sera aussitôt interdit de diffusion par de multiples procès (le frère de Karen, la maison Mattel...). Il est heureusement visible en intégralité sur Youtube, en dépit d'une qualité d'image bien médiocre.
Mrs Muir


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* Format du film - 1.33:1
Assurance sur la mort (Double Indemnity)
de Billy Wilder (1944)
Chef d’œuvre oublié du jeu frcd, un des meilleurs du par ailleurs souvent très talentueux Billy Wilder, revu avec délectation il y a quelques mois dans une rétrospective à Lille, il n’en fallait pas davantage pour que je le choisisse comme unique représentant du film-noir de la session des Idiots. "Assurance sur la mort" n’est pas un film-noir comme les autres. Il rompt avec les principes narratifs des films policiers de l’époque, utilisant le flash back et la voix off comme moyens principaux pour développer l’intrigue, bref, en inversant les règles du suspense : ici, on connaît la fin, dés le début (à l’époque, c'est un peu nouveau comme procédé). La force du film en est d’autant plus grande : il s’agira donc de savoir comment et pourquoi on en est arrivé là. L’importance du film tient donc moins à l’intrigue et à son dénouement, qu’aux personnages, à leur psychologie et aux rapports qu’ils entretiennent. Et Wilder nous livre là une omelette flambée à point. La tension y est extrême … elle trouve son paroxysme dans un meurtre, espèce d’éjaculation précoce d’une relation promise et qui n’aura jamais lieu. On a l’habitude de dire qu’il faut savoir lire entre les lignes d’un film-noir, ici il suffit de se laisser aller et de ressentir les choses, non de les analyser … Vous allez me dire, à quoi bon analyser face à la sensualité bestiale qui se dégage de Phyllis, de sa première apparition, nue sous une serviette éponge (l’indice 2), à sa dernière, exceptionnelle Barbara Stanwick. Quitte ou double ? Il y a du Hitchcock dans ce Wilder.
Scalpaf


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La Dernière maison sur la gauche (The Last House on the Left)
de Wes Craven (1972)
Je voulais finir cette session idiote avec un film bien bourrin et sanglant.
La dernière maison sur la gauche est le film idéal.
Inspiré par un film d'Ingmar Bergman : La source; La dernière maison sur la gauche raconte comment une bande de voyous vont violer et assassiner deux jeunes filles avant de subir les foudres de la vengeance des parents de l'une d'elle.
Première réalisation de Wes Craven, La dernière maison sur la gauche étonne par un curieux mélange des genres : sitcom, avec au début du film un dialogue savoureux entre le père et sa fille sur la nécessité ou non de mettre un soutien-gorge, comédie avec la présence des flics crétins et bien sur horreur et barbarisme avec les tortures de l'affreux Krug (que Miss Muir adore, je ne vois pas pourquoi), le chef des voyous.
A cela il faut ajouter une atmosphère très plouc, le film se déroulant dans une Amérique profonde, dans des contrées chers aux rednecks.
Le film de Craven réalisé avec un budget modeste et des acteurs sélectionnés pour leurs trognes plutôt que pour leur talent est typique d'un certain cinéma d'horreur "très année 70" décomplexé et sauvage (le film de Craven est réalisé deux ans avant Massacre à la tronçonneuse). Dommage que ce genre de films ait disparu laissant la place à des films d'horreur de plus en plus aseptisés (cf le pitoyable remake de Massacre à la tronçonneuse réalisé par Marcus Nispel); hormis, bien entendu, les films de Rob Zombie.
Clark


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Un air de famille
de Cédric Klapisch (1996)
Tous les vendredis, les Ménard se retrouvent en famille au café du Père Tranquille. Mais ce jour-là est très particulier, c’est l’anniversaire de Yoyo. Cependant, tout le monde semble l’oublier ou, tout au moins, ne pas y faire trop attention, trop préoccupé par leurs propres petits soucis.
2 ans avant Festen, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri s’essayent au thème de la fête de famille qui tourne au vinaigre lorsque chacun se décide à laver son linge sale devant les autres. Vieilles rancoeurs, problèmes de couple, relations familiales tendues tels sont les sujets abordés par nos deux écrivains dans leur pièce de théâtre, adaptée avec brio en 1996 au cinéma par Cédric Klapisch.
L’utilisation du huis clos est une arme redoutable pour débusquer les véritables caractères et mettre en avant le pire comme le meilleur de chaque individu. Déjà présent dans Nos enfants chéris, ce genre permet ici de nous montrer qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences, ni rester sur sa première impression. Les personnages se dévoilent tout au long du film et nous surprennent sans cesse. Très humains, tendres et attachants, ils nous promènent tout au long de ce dîner pour notre plus grand plaisir. La qualité des acteurs explique grandement le succès de ce film, surtout Catherine Frot qui est absolument redoutable d’humour et de maladresse :
« Je n’en peux plus [de Kévin], il ne cherche qu’à me contrarier ! Tu sais ce qu’il m’a fait mercredi ? Une otite ! »
« Mais c’est beaucoup trop luxueux pour un chien ! »
« C’est pour les enfants que c’est terrible. Heureusement qu’ils n’en ont pas. »
« Elle m’avait bien dit qu’ils se connaissaient mais à ce point là ! Je ne savais pas moi ! Vous saviez vous ? Il fait partie de la famille maintenant alors. C’est mon beau frère ! C’est votre gendre quoi ! »
Et une petite dernière entre Jean-Pierre Darroussin et Agnès Jaoui :
« _ Cette relation merdeuse tu dis ?
_ C’est… c’est une image.
_ Oui, c’est une image forte !
_ Cette relation à la con si tu préfères.
_ Ben oui, à la limite je préfère… »
Zézette


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Harold & Kumar chassent le burger (Harold & Kumar Go to White Castle)
de Danny Leiner (2004)
"Road movie de périph’"- puisque les protagonistes y parcourent le trajet qui sépare le centre d’une grande ville, de sa grande banlieue - H & K est aussi un buddy movie hilarant, nous narrant (par le menu !) le trip bouffe de 2 colocs à la recherche d’un resto à burgers.
Au programme : péripéties improbables, rencontres décalées, parodie de films de campus et de survivals...
H & K c’est un peu Les aventuriers de l’arche perdue sous acide, l'anti-comédie légère et raffinée, à la croisée des chemins, entre Clerks (ou plutôt Jay & Silent Bob go to Mooby’s... les fans comprendront) et Ferris Bueller’s day off.
Impossible de ne pas se retrouver dans ces 2 personnages principaux.
Il y a de la tendresse dans cette histoire et zéro cynisme… ça fait du bien.
Après son mémorable Hé mec, elle est où ma caisse ? (autre buddy movie fracassant que j'ai tendance à préférer quand même) Danny Leiner prouve qu’il est le digne héritier des frères Farrelly.
Rappelons qu'après des films très cons comme Dumb & Dumber ou Kingpin, ils avaient su réaliser des chefs d’œuvre de comédie comme Something about Mary et Deux en un…
En tous cas, Danny Leiner n’en est pas loin, vivement le prochain.
Et pourquoi pas une rencontre des 4 incapables, forcément au sommet :
- "Hey Dude, where's my car ?
- On the parking of the White castle, dude !
- Sweet !!!"
J'ai hâte !!!!

DVD Zone 2 dispo en France avec plein de suppléments.

PS : Tout était question de mots-clés dans Imdb pour trouver ce film. Plutôt facile, dès la première image, en en couplant 3 : "asian", "indian" et "racism".

[NDZ : Je suis d’accord avec mon collègue, faut avouer qu’il est balaise en rédaction de commentaire ! Je tiens juste à préciser que si on a choisit celui-ci plutôt que Hé mec, elle est où ma caisse ?, c’est parce que ce dernier est déjà très connu et que H & K mérite lui aussi de l’être, même si, il est vrai, il n’est pas aussi intensément drôle et spirituel que son prédécesseur !]
Torrente et Zézette


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* Affiche du film
*** format original 1.33:1
Les Rapaces (Greed)
de Erich von Stroheim (1924)
Voilà un film d'une modernité absolue!
La version "finale" de ce film maintes fois mutilé, disons plutôt la version qui est parvenue jusqu'à nous, a tout du légendaire (indice 1). Un peu à l'image du tournage. Le film est une grande épopée, qui nous mène doucement, sur plusieurs années, à une inéluctable descente aux enfers.
Au delà de la magistralité de la réalisation et du scénario, c'est l'atemporalité qui marque "Les rapaces".
D'aucuns diront que les films muets sont souvent, mis à part quelques chef-d'oeuvres (je pense notamment à "Sunrise" de Murnau), restreints à leur époque et à leurs codes. Avec "Greed", la direction d'acteur de Von Stroheim dépasse de loin les mimiques et les fards du muet.
C'est à ce moment que se fait un lien nécessaire entre deux clans, pour une mutation du Cinéma vers les codes du parlant. Nous avons donc ici des acteurs gigantesques (Zasu Pitts, inoubliable, indice 2, & Gibson Gowland) qui nous amènent à eux et qui viennent vers nous.
Ajoutez à cela une thématique Universelle, celle du rapport avec l'argent, ambigüe, destructrice.
Pour moi donc, Les Rapaces est l'un des films fondamentaux du cinéma. Historiquement. Artistiquement. Au delà du Muet, au delà de la couleur, au delà de toute contingence.
Baby Jane


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Company
de Ram Gopal Varma (2002)
A l'instar de Johnnie To, Ram Gopal Varma est le producteur-réalisateur indien le plus passionant du moment.
Un type moderne, résolument tourné vers l'Occident, qui a décidé de secouer la production locale et d'élargir le champ de vision (très restreint, il faut bien l'avouer) du public et du mileu cinématographique - en plus de 50 ans d'existence, le cinéma indien n'a produit, en tout et pour tout, que 2 films de science-fiction - avec une bête idée en tête : arrêter les comédies musicales insipides.
Mais, impossible de changer une recette qui a fait ses preuves (financièrement du moins) depuis des lustres, surtout quand on vient du Sud de l'Inde (et qu'on a donc grandi très loin de Bollywood), alors RGV y est allé en douceur, à la force du poignet, au culot, à l'épate.
Il est, d'ailleurs, le premier "sudiste" à s'être fait une place au soleil chez les "grands".
Et, une cinquantaine de films plus tard, le voilà consacré roi du film d'action et du thriller sauce curry. Avec de TRES GRANDS et TRES BONS films comme Road, Ek Hasina Thi, Bhoot, Sarkar, Satya, Raat, Kaun ou encore Jungle.
Company fait partie du sommet de sa carrière.
Sans comprimission et dégagé de toute obligation mercantile suite à d'énormes succès au box-office (en tant que producteur), comme Dil Se, RGV livre le film de mafia hindy définitif.
Même si on est en droit de préfèrer son précédent essai Satya (un des plus grands polars locaux, juste à côté de Don, chef d'oeuvre des seventies) plus romantique, Company reste une date.
D'abord par son casting, imparable, réunissant des trognes qu'on croirait sorties d'un Sergio Leone, mais surtout une poignée de stars locales en devenir ou confirmées, bien décidées à tout casser : notamment Vivek Oberoi (le beau gosse aux dents longues de l'indice 1) et Ajay Devgan (la grande star de l'indice 2).
[ Il manque juste au casting Amitabh Bachchan, qui restera à jamais, pour moi, le plus grand acteur indien. Quel bonheur quand ce dernier a rejoint l'écurie RGV !!! ]
Et ensuite par sa réalisation. Utilisant le scope à la perfection, RGV prouve qu'il est l'un des plus grands techniciens indiens, en plus d'être le producteur visionnaire que l'on sait.
Film de mecs (c'est assez rare, là-bas, pour être précisé), Company ressemble à du Shakespeare avec beaucoup de Coppola dedans (la grande référence, avouée, du petit maître) période Godfather, bien sûr.
Sombre, violent et déséspéré Company nous raconte l'amitié, puis la lutte entre 2 mafieux de Mumbai.
C'est simple mais d'une efficacité et d'un réalisme à faire peur. A vous dissuader de faire un tour à Bombay comme tout bon bourgeois-bohême qui se respecte...
Une claque, donc, à voir impérativement.
En plus, les DVD indiens, toutes zones, sont les moins chers du monde : pour 2 à 3 euros, dans les quartiers appropriés, vous pourrez facilement vous procurer les dernières sorties de là-bas ainsi que quelques perles plus anciennes.
Evidemment les traductions françaises des sous-titres sont TRES approximatives (pour ne pas dire imbitables), il est donc fortement conseiller d'avoir une certaine connaissance de l'anglais afin de bien savourer tout un pan cinématographique absolument et malheureusemnt inconnu ici. Des milliers d'heures de magie et de découvertes colorées à portée de porte-monnaie, ça ne se refuse pas, quand on aime le cinéma !
PS : le film était facilement trouvable, dès la première image, en reportant le titre du film, visible sur les affiches de la question, dans Google !
Torrente


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Le Bourreau (El verdugo)
de Luis García Berlanga (1963)
"El verdugo" has been chosen in some polls as the best Spanish film of ever, and I certainly could agree. Berlanga and Rafael Azcona (his usual scriptwriter) sharpened their irony until it cuts and signed the blackest of black comedies.

Nino Manfredi is an undertaker who becomes an executioner just to keep his father-in-law's house. And one day he is called to do his work. But don't worry, they are always pardoned, arent' they?
Dr Slump


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** format original 2.35:1
Outer Space
de Peter Tscherkassky (1999)
Attention "cinéma expérimental de qualité"!
Adepte du cinéma plan plan, atone ou neutre, passez votre chemin, voilà un film qui aggressssse le spectateur. Mais, pour une fois, par pour combler ses pulsions morbides mais plutôt pour réveiller ses sens endormis et ce qui lui reste de matière grise.
Pour la petite histoire, l'auteur utilise des plans d'un film (technique dit du "found footage") en l'occurrence celui de "l'emprise" petit film d'horreur des années 80 pour retravailler et réinventer le film...
Quand je dis retravailler, c'est au sens très concret puisqu'en fait il travaille à même la pellicule, image par image. Le son qu'on a pu entendre en question provient directement des manipulations chirurgicales faite sur la piste son et non d'une bande son composée à coté.
Quoi de neuf sinon?
Pour moi, c'est une pêche envoyée directement au spectateur... "Out" la position bien confortable du voyeur/spectateur. Ici la violence, on la ressent en pleine rétine, on est un peu comme "alex" dans orange mécanique, complètement livré. Le retournement des rôles est consommé dans la dernière scène : un oeil ou plutôt des yeux nous regardent, nous scrutent à leur tour.
Avertissement donc du réalisateur, gare au plaisir face aux scènes de violence, ça n'est absolument pas "fun" d'être la victime. Ca semble con mais c'était bien de le rappeler, et notamment à une tripotée de cinéphile en herbe.
Enfin, techniquement, ce film nous prouve encore une fois combien l'intelligence créatrice peut décupler la force d'un film (le pauvre "emprise" devient inexistant face à cette machine)

Si l'expérimental peut être très difficile d'accès, c'est le cas des films n'ayant pas intégré un vrai processus de création cinématographique, Tscherkassky avec "Outer" "Space" (cela continue avec "Dreamworks" et dans une moindre mesure avec "Instructions for a Light and Sound Machine") a, il me semble, fait sa mue. Après de multiples oeuvres plus ou moins réussis (il a commencé en 1981) dépasse cette fois largement le cadre assez étroit du cinéma expérimental, grand bien lui en a pris.
Nasr Eddin


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Memories of Murder (Salinui chueok)
de Bong Joon-ho (2003)
Following the detectives' heterodox ways of getting information, one thinks if maybe they just did not deserve the truth, elusive and ethereal, always close but impossible to catch. It will chase them forever.

Really great acting and directing for this Korean slow thriller.
Dr Slump