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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Idiots ...
La semaine est terminée
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Mais... qu'avez vous fait à Solange? (Cosa avete fatto a Solange?)
de Massimo Dallamano (1972)
Contrairement à ce que peut suggérer son titre "Solange" n'est ni un film porno, ni une comédie de Max Pécas. Il s'agit en fait d'un giallo de 1972, tourné à Londres, dans lequel un tueur pervers élimine sans raison apparente des élèves d'une école privée pour filles. Sans égaler "Les Frissons de l'Angoisse" — la référence du genre —, force est de reconnaître que "Solange" soutient la comparaison avec les premiers films de Dario Argento. Outre les bouffées de sadisme — le mode opératoire du tueur consiste à introduire une lame de couteau dans l'intimité des jeunes femmes (indice n°1) —, on s'aperçoit que l'assassin ne frappe pas au hasard, mais pour une raison bien précise (dont je ne dévoilerai rien, rassurez-vous). L'enquête est menée par le bellâtre Fabio Testi (indice n°2), professeur d'EPS de l'école et suspect désigné tant il semble faire exprès d'accumuler les indices contre lui (sans oublier qu'il entretient une liaison adultère avec une élève). La singularité du film tient à la fascination du réalisateur pour les courbes fermes de jeunes adolescentes qui, derrière leurs visages innocents dissimulent bien entendu un penchant naturel au vice. Massimo Dallamano en tire prétexte pour filmer plusieurs scènes dénudées, sans réel intérêt pour l'intrigue (séance de photo, scènes de douche (première image)), mais d'un potentiel érotique non-négligeable.
Prince Mishkin
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Les amants du cercle polaire (Los Amantes del Círculo Polar)
de Julio Medem (1998)
Ana and Otto. Palindromes. Like their lives, moving in circles. Like this film. Otto and Ana. Sitting back to back without meeting, without knowing. Waiting for the coincidence that will let them be together. Like an Auster's story, like other Medem's films. Unreal, poethic, unforgettable. Otto in Ana's eyes.
Dr Slump
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La barrière de la chair (Nikutai no mon)
de Seijun Suzuki (1964)
Dans un décor post-apocalyptique d’un Japon désemparé, à la limite de la dépression collective et sociale, et sous occupation américaine (l’indice 1), Seijun Suzuki a pour mission de revigorer le spectateur japonais en réalisant un film érotique. Telle est la commande qu’il reçoit de la Nikkitsu, société de production pour laquelle il bosse.
Mais plutôt que de verser dans la faciliter, il livre une magnifique œuvre de résistance et de liberté. C’est un film de femmes : 4 prostitués se retrouvent dans ce Tokyo dézingué, où règnent le chacun pour soi, le marché noir, les yakusas et les forces d’occupation. Elles parviennent à s’organiser et à vivre ensemble par leur entraide et leur solidarité. Suzuki les caractérise rapidement en peu d’images. Il n’hésite pas à emprunter aux archétypes, notamment en leur attribuant à chacune une couleur chatoyante (la prostitué « rouge » en indice 2) : la femme forte, la brebis égarée, ... Le style de Suzuki est là, très esthétique mais jamais détaché de ses sujets, très codifié mais jamais facile. Il prend d’ailleurs un malin plaisir à se jouer des codes habituels, notamment par un montage déroutant. Comme s’il voulait faire un pied de nez au cinéma américain, il inverse même dans ce film les codes du film-noir (qu’il emprunta souvent dans d’autres films). C’est un film de femmes, dont la petite communauté solidaire sera mise à mal par l’incursion d’un homme : Jo Shishido, l’homme fatal ! Outrepasseront-elles la Barrière de la Chair, par sa faute ?…
Scalpaf
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Blue Collar
de Paul Schrader (1978)
"Blue Collar" est la traduction littérale de "col bleu", c'est-à-dire le monde ouvrier : un univers en général ignoré par Hollywood qui, à de rares exceptions — l'honorable "Norma Rae" de Martin Ritt — a toujours évité ce milieu comme la peste. Auréolé du succès de "Taxi Driver" dont il a écrit le scénario, Paul Schrader décide alors de tourner son premier long-métrage : un film noir qui aura justement pour cadre une usine automobile de Detroit. Trois ouvriers de cette usine (Richard Pryor, Harvey Keitel et Yaphet Kotto, réunis dans l'indice n°1), fatigués d'un travail épuisant et des fins de mois difficiles, décident de monter un gros coup : cambrioler la caisse du syndicat, puis se partager le butin. Contre toute attente leur plan réussit et les ennuis commencent... L'intelligence de Paul Schrader est d'avoir su conserver un équilibre constant entre les conventions d'un genre — le polar — et la part documentaire du récit : le monde de l'usine y est rendu avec une crédibilité impressionnante. Le réalisateur prend soin de décrire avec précision la routine de cet univers (le bruit des machines, les rapports de force des ouvriers entre eux et face à la hiérarchie) mais également de ses à côtés (sortie arrosée du vendredi soir et virée chez les putes (première image)). Outre son ouverture magistrale sur un morceau de Captain Beefheart (arrangé par Jack Nitzsche), le film marque par une longue scène de meurtre dans un atelier de peinture, très éprouvante en raison de sa durée et de la résistance acharnée de la victime. Un mot enfin sur l'interprétation remarquable des trois comédiens et en particulier sur celle de Richard Pryor. Modèle dont Eddie Murphy s'est largement inspiré, cet acteur formé au "Saturday Night Live" est avant tout connu pour ses talents comiques (les films "Silver Streak" et "Brewster's Million") ou — beaucoup moins drôle — son cameo en chaise roulante dans "Lost Highway" (il est atteint depuis plusieurs années d'une sclérose en plaques). On le découvre ici dans un rôle inattendu : buté, sans scrupule et brutal (sur le point de se battre avec Harvey Keitel en indice n°2), il incarne son personnage avec une puissance étonnante. Rien que pour ce contre-emploi, "Blue Collar" vaut le déplacement.
Prince Mishkin
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Va et vient (Vai E Vem)
de João César Monteiro (2003)
The last will of Portuguese director Monteiro, who was ill during its filming and died soon after. A free spirit, provocative, hedonistic, unsocial, "érotomane", unclassifiable.
Is "Vai e vem" terrible funny or terribly boring? The work of a genious or the delirium of an old man? Definitely not for all the tastes.
Dr Slump
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Change pas de main
de Paul Vecchiali (1975)
Paul Vecchiali est un cinéaste à part. Il s'est en effet frotté à une multitudes de genres cinématographiques. La pornographie est abordée dans Change pas de main. Vecchiali définie son film comme un PPP (porno, policier et politique).
Ce curieux mélange aboutit à un film jouissif où Vecchiali reprend les ingrédients du film noir afin de les détourner. Une femme détective (Myriam Mézières, indice 2, en fond) mène donc une enquête afin de retrouver le fils d'une notable (Hélène surgère, indice 2) ayant des ambitions politiques. Je ne prendrais pas le risque de développer plus le scénario qui au fur et à mesure que le film avance devient de plus en plus incompréhensible. Tout ceci est avant tout prétexte à glisser vers des scènes érotiques, assez "rentre-dedans".
Malgré ses défauts (une tendance par moments à tomber dans le grotesque), Change pas de main peut se résumer en un seul mot : plaisir.
Plaisir des comédiens (outre les actrices féminines citons aussi Jean-Christophe Bouvet et Howard Vernon, entres autres) qui prennent visiblement beaucoup de joie à participer à ce projet fou; plaisir d'un cinéaste qui filme avec délice ce joyeux bordel, et plaisir du spectateur qui se laisse volontiers prendre et surprendre.
Face à un académisme pompeux d'un certain cinéma français (Leconte, Tavernier), la vision des films de Paul Vecchiali est salutaire. Heureusement qu'une poignée de cinéastes français talentueux tels Marie-Claude Treilhou ou bien Axelle Ropert cite Vecchiali comme l'une de leurs influences majeures.
Pour ceux qui voudrait découvrir l'univers original de PaulVecchiali, je recommande Femmes, femmes (l'un des films préférés de Pasolini) et Corps à coeur (superbe mélodrame flamboyant).
Clark
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La résidence (La Residencia)
de Narciso Ibáñez Serrador (1969)
Film peu connu et peu diffusé; La Résidence est l'oeuvre de Narciso Ibanez Serrador. Réalisateur espagnol qui a travaillé surtout pour la télévision, et mit en scène Les révoltés de l’an 2000 où un couple se trouve pris au piège sur une île infestée de gamins tueurs (malheureusement pas vu).
Le thème du huis-clos se trouve au coeur de La Résidence puisque l'action du film se déroule intégralement dans un pensionnat de jeune fille situé dans le sud de la France. La directrice dirige son établissement d'une main de fer mais doit faire face à des disparitions de plus en plus fréquentes de ses pensionnaires.
La résidence est un savant mélange du cinéma de Dario Argento ainsi que celui de Michaël Powell. Argento pour le huis-clos étouffant et la mise en scène des crimes puis Powell pour toutes les audaces stylistiques ainsi que narratives.
Le film de Serrador possède une forte connotation érotique et sexuelle; on a droit ainsi à d'étonnantes séquences de flagellation et d'humiliation. Sans oublier un magnifique coït suggéré (question) et une étonnante scène de douches collectives (indice 1). Le réalisateur contournant habilement la censure de l'époque (nous sommes pourtant en 1969).
Ce film original vaut aussi le détour pour la magnifique interprétation de Lili Palmer (indice 2) et la présence de John Moulder-Brown (indice 2, toujours), l'acteur du sublime Deep-end de Jerzy Skolimowski.
Malgré un manque de moyen évident et une photographie assez sombre; La résidence est bien plus qu'une simple curiosité; à ranger à côté de l'incontournable Suspiria de Dario Argento. Notons l'influence très probable de La Résidence sur des oeuvres telles que l'Echine du Diable ou encore Innocence de Lucille Hadzihalilovic (proposé en semaine 1).
La résidence est disponible en Dvd zone 2 (chez René Chateau) dans une édition assez cheap (il n' y a même pas de chapitrage !).
Clark et Scalpaf
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Satyricon (Fellini - Satyricon)
de Federico Fellini (1969)
Il est dans une vie de cinéphiles des rencontres avortées qui finissent un jour en mariage d'amour. Ainsi le Satyricon que j'entrepris deux fois de voir (" Hein, c'est un Fellini quand même ? ") sans jamais passer le cap de la première demi-heure, cessant très précisément au travelling interminable sur le lupanar. Gris souris des décors, perversion et borborygmes généralisés, hideur absolue de l'objet du désir (Giton tel qu'on s'imagine Fred Loukass à 12 ans), pas de quoi réveiller le Satyre, ce Fellini !
Et pourtant, à la troisième tentative, je franchis le cap, et là ce fut l'EXTASE !
Que raconte le Satyricon ? Deux " étudiants " vivotant d'expédients et de mauvais coups sont la proie de plein d'aventures à décoiffer la touffe de Mrs Muir. Capturés par des pirates à la tête desquels le féroce mais inverti Alain Cuny (indice 1, bon, c'est un postiche, d'accord…) qui oblige le blond Martin Potter au premier mariage homosexuel de l'histoire du cinéma, en proie à un faux Minotaure (indice 2, tout le passage est à se pâmer d'admiration) ou dans les bras d'une esclave noire peu farouche au parler bien curieux (l'horrible question, pourtant l'une des scènes les plus marquantes du film), nos deux compères amis et/ou ennemis selon les épisodes vivent la totale immanence – pas de morale, pas de paradis, presque pas de lendemain. Quelque part dans la correspondance de Flaubert, celui-ci déclare avoir voulu donner à voir ce moment très bref de l'histoire après la Chute des Dieux et avant l'avènement du Christ où l'Homme vécut seul sans croyances supérieures. Eh bien, le Satyricon, c'est ça : du néant sur branche, une barque voguant au vent mauvais, le souffle figé des fresques de Pompeï. Bien que vivants et charnels (surtout le très sexuel Hiram Keller) les hommes ne sont que des ombres ou deviennent tels, à l'image de ce mort qui semble se fondre dans le décor comme la femme d'Enée est entraînée aux Enfers - en zoom arrière. Le Satyricon, c'est le vide des cieux mais aussi le plein des chairs pourvoyant un bon gros stock de bandaisons bien dures et des regards venus du fond des âges, ceux des convives de Trimalchion, fixant la caméra en mâchant leur orgie, se reflétant en nous comme dans un miroir, insoucieux encore et toujours de demain ou d'aujourd'hui.
Puisque le fond des âges, c'est maintenant, dansons sur le Satyricon !
Xtof
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Intimité (Intimacy)
de Patrice Chéreau (2001)
Rarement un film n'a présenté avec une telle acuité, une telle vérité, les rapports intimes entre deux personnes. Cette histoire d'un homme et d'une femme mariés, quasi inconnus l'un pour l'autre, qui se retrouvent à jour et heure fixe pour s'offrir l'un à l'autre sans aucune retenue, sans aucune gêne, est d'une force incroyable, et on y croit pourtant. Les deux acteurs principaux, qui ne sont pas des tops models, sont magnifiques (une mention spéciale à Mark Rylance, qui donne franchement envie de 5 à 7 jusqu'à l'os).
Mrs Muir
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Viva Erotica (Se qing nan nu)
de Yee Tung-Shing (1996)
Un duo improbable mais détonnant : le mythique Leslie Cheung (Indice 2) et la bombastique nunuche Shu Qi (Question et Indice 1). Film totalement décomplexé, franchement drôle et contenant quelques réflexions intéressantes, c'est aussi une bonne excuse pour exhiber les attributs de Shu Qi et offrir une nouvelle performance excellente de Leslie Cheung. Bah oui, cela fait 3 films avec lui que je propose dans cette session (chaque fois en Indice 2). A l'instar de Juliette Binoche, Shu Qi est une belle actrice célèbre qui n'apparaît que dans peu de bons films. Et si l'on se restreint aux films ou la taiwanaise enlève le haut – généralement en début de carrière – il ne reste plus grand chose. "Iron Sister" (1999), histoire d'une campagnarde qui vit dans une cabane, is so bad that it is almost good, quant a "Sex & Zen II" (1996), où elle joue une créature mystérieuse a phallus de cheval… cela reste destine a un public assez spécialisé. Mais ne désespérons pas, car il y a "Viva Erotica" !! qui exploite justement son manque assez impressionnant de talent d'actrice.
Dans "Viva Erotica", Sing (Leslie Cheung) est un réalisateur dont les derniers films ont été des flops. Il n'a pas travaille depuis un an, lorsque un boss triade (mafia hongkongaise, pour ceux qui n'ont pas suivi) lui propose de tourner un film de boules avec sa copine (du boss), la caricaturale Mango (Shu Qi), comme star. Sing hésite énormément. Sa femme (Karen Mok, indice 2, très charmante dans ce film), sa mère, ses amis l'encouragent a faire le film. Problème : Mango au début refuse de se déshabiller devant la camera et simule très très mal dans les scènes hot. Petit a petit ca va mieux et elle se lache finalement (Question). Entretemps, l'équipe organise un coup de pub en tournant une scène chaude dans une cabine téléphonique en pleine rue (indice 1). Mango qui ne savait pas de quoi il s'agissait est évidemment scandalisée sur le moment.
Mister Ke
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Mais ne nous délivrez pas du mal
de Joël Séria (1971)
Premier film de Joël Séria, plus connu pour le cultissime "Galettes de Pont Aven", "Mais ne nous délivrez pas du mal", présenté collectivement par les Idiots Classiques qui en sont tous fans, est un film fort dérangeant et très réussi (le reste de l'œuvre de Séria ne l'est pas autant...). On y suit pendant la durée d'un été deux adolescentes perverses et maléfiques (on n'est quand même pas dans du Jean Rollin) à l'apparence angélique, qui vont multiplier les actes odieux (euthanasie des petits oiseaux - indice 1 - de l'employé de la maison joué par Michel Robin, pathétique), jusqu'à commettre l'irréparable.
L'une d'elles échappera de peu au viol (question). Les deux petits anges maléfiques, après une cérémonie "religieuse" orchestrée par le faux prêtre Michel Robin, connaîtront un triste sort, dans une scène finale hallucinante.
Mrs Muir
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Pehlivan
de Maurice Pialat (1964)
Récemment cette langue de pute de Skorecki - bien meilleur critique que cinéaste (Dieu nous protège des « Cinéphiles » !) – récemment donc, Skorecki déclarait que si on enlevait la violence du cinéma de Pialat, il ne restait pas grand-chose. Même si l'ancien critique de Libé touche juste, c'est oublier qu'avant le Pialat consacré par le public ou ses pairs (dès l'Enfance Nue donc), il y eut un autre Pialat, auteur de courts-métrages de fiction ou documentaire, non plus le très déplaisant adepte du « ni avec toi, ni sans toi » (le couple, la famille, Dieu, l'art, le cinéma, etc…) mais un simple et jeune metteur en scène qui tâtonne, se cherche et trouve d'assez jolies choses. Pehlivan fait ainsi partie des Chroniques Turques réalisées avec des bouts de ficelle et assorties de commentaires un rien compassés ou poétiques. Sous la caméra de Pialat, la lutte à la turque devient un cérémonial homo-érotique quelque part entre l'Equipée Sauvage et tout Kenneth Anger (proposé par les deux tiers des équipes). L'unique incursion de la Femme dans cet univers de gros biscottos se fera sous les traits de strip-teaseuses tziganes (toutes des putes sauf maman, hein ?). Par pudeur, on a choisi la plus regardable et la moins adolescente (indice 1). Quoiqu'il en soit, Pehlivan est une curiosité d'autant plus recommandable que l'on goûte peu le Pialat statufié de - par exemple - Van Gogh (je cite son pire film, je suis vraiment trop vache).
Xtof
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** format d'origine non respecté
*** format d'origine non respecté
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Les Diables (The Devils)
de Ken Russell (1971)
Les Diables est un film basée sur une histoire vraie, « les possédés de Loudun ». L’intrigue se déroule sous le règne de Louis XIII, et la politique de Richelieu.
Loudun bénéficiait alors d’un statut de ville fortifiée plus ou moins autonome – comme d’autres villes à cette époque -, lui permettant notamment d’accueillir protestants et catholiques, et d’éviter la guerre de religion imposée par l’Eglise Catholique. Le cadre est posé, l’Eglise veut mettre à bas les enclaves, en accord avec l’Etat royal dans sa volonté d’unifier le pays et de supprimer les particularismes locaux. Les fortifications de Loudun doivent tomber, la ville doit abandonner son statut et se rallier à la doctrine de l’Eglise … elle trouvera comme principal opposant l abbé Grandier (Oliver Reed) revendiquant son indépendance et prêt à tout pour défendre sa liberté, les émissaires religieux utiliseront tous les moyens pour arriver à leurs fins…
Dans les décors grandioses de Derek Jarman (inspiré par le Metropolis de Lang) - la ville de Loudun y est doté de remparts et de bâtiments d’une blancheur futuriste -, Ken Russell apporte à cette histoire sa vision plastique et sa démesure sulfureuse. Rarement un film aura permis de toucher d’aussi près le fanatisme religieux et l’hystérie de ceux et celles qui s’y adonnent, via notamment ces sœurs cloîtrées sur lesquelles l’abbé Grandier exerce une certaine fascination sexuelle. C’est une des grandes réussites de ce film. Dans un style baroque, mais sans concession, qui convient parfaitement à l’atmosphère délétère et morbide, Ken Russell invente l’hystérie cinématographique. Il ne sombre jamais dans le grotesque ou la pornographie, certes il flirte parfois dangereusement avec le point de non retour, il le touche presque, va-t-il se laisser dévorer par son sujet et le traitement qu’il s’en est imposé ? Non, car derrière l’explosion et la démence formelles, il garde le cap de son scénario, basé sur un essai de Aldous Huxley (The Devils of Loudon), et réussit à démonter les arcanes et les rouages que le pouvoir religieux utilise pour imposer sa « vérité ». Le fanatisme religieux n’est pas un accident, ni un hasard, mais un outil au service d’une volonté politique dans le but d’imposer un pouvoir total, … et de broyer ceux ou celles qui refuseraient de s’y soumettre. Ken Russell le dit bien mieux que tous mes mots, lui, avec son univers tout entier …
Il est bien aidé par les interprétations monstrueuses de Oliver Reed (en flou mais reconnaissable dans l’indice 2) et Vanessa Redgrave, ainsi que des seconds rôles très efficaces au premier rang desquels Michael Gothard, Murray Melvin, Dudley Sutton et Gemma Jones. Interdit en Italie (Reed et Redgrave y auraient été passibles de prison, rien que ça !), et sérieusement censuré par ailleurs, le film a été progressivement reconstitué – l’image de la question est extraite de la fameuse scène « Rape of Christ » coupée à la sortie du film. Expérience unique et inoubliable, à voir absolument.
Scalpaf
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Black Moon
de Louis Malle (1975)
Ne jamais dire : " Fontaine, je ne boirai pas de ton eau. "
Après Pialat, cinéaste qui m'agace plutôt d'ordinaire (pour ne rien dire du personnage totalement débectant), voici que je propose à nouveau un Louis Malle. Que Pasa Carmencita ? Calor sur la Cabezza ? Et pourtant…
Louis Malle, ce parangon d'un classicisme Nouvelle Vague aux audaces qui font pschiiiiit, a trois ou quatre fois dans sa carrière mis en plein dans le mille.
Ici, la Lune Noire et son démarrage en trombe (un blaireau écrasé à l'aube – Non ! Pas Clark Clownil, l'animal !) puis une mystérieuse adolescente qui fuyant une guerre inter-sexe (Cathryn Harrison, petite-fille de Rex à belle figure de Balthus boudeur) se réfugie dans une demeure campagnarde où flotte un parfum d'onirisme très sexué.
Vieillarde ricanante, flopées d'enfants nus, bestiaire démultiplié, jumeaux hermaphrodites scindés et antagonistes : pour un peu, on croirait à du Miyazaki pour adultes d'autant que le film est une apologie du mouvement, de la fuite et qu'il obéit à la logique biaisée du rêve ; le réel perd ses contours cependant que l'inouï y devient naturel.
Black Moon, pour surprenant qu'il soit – et il l'est, à plus d'un titre – ne va ni jusqu'au malaise, ni jusqu'à l'angoisse. Bel objet hermétique adouci par ses citations de Cocteau à Resnais, il se tient à la frontière du surréel sans oser franchir le pas. Tout le film est un fantasme acclimaté qui parle de grandir (à moins que ce ne soit régresser - du Lewis Carroll, quoi !). Le plus beau est que bien que clos sur lui-même, Black Moon - à l'inverse du récent, pitoyable et auto-satisfait Inland Empire - n'en respire pas moins et d'un rythme surprenant, celui un peu heurté de son interprète – inoubliable Cathryn Harrison qui se démène, tombe, se relève, impénétrable, inentamée, et ceci expliquant peut-être cela, franchement bandante.
Xtof
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La fiancée du pirate
de Nelly Kaplan (1969)
Au-delà d'un film féministe militant, La fiancée du pirate est aussi l'un des plus beaux rôles de Bernadette Laffont. Son personnage de fille de joie pour campagnards frustrés, aigris, lâches et hypocrites est une ôde à la force des femmes. Les coups tirés à la vie vite pour quelques pièces, les femmes moches et jalouses, elle s'en balance la Marie, comme la chanson titre qu'elle écoute en boucle. Deux hommes seulement trouvent grâce à ses yeux : le pépé gateux à qui elle montre son jardin secret à l'oeil (question), et André, le gentil projectionniste (Michel Constantin, remarquable) qui la traite avec respect et gentillesse. Sans oublier son bouc adoré (indice 1), qui connaîtra une fin brutale. Quand elle décide de ne plus s'en balancer, ça fait mal, et elle balaie tout sur son passage (indice 2), pour repartir plus légère, les pieds nus, une fois sa vengeance consommée.
Mrs Muir
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